L’alimentation des bovins Highland
L’alimentation des bovins Highland
Terri Barr, Barrking Hill Farm, Exeter, ON
Le bovin Highland est exceptionnellement robuste et rustique, il peut survivre avec des fourrages de moindre qualité et dans un pâturage pauvre incluant des broussailles, si nécessaire, et sous des conditions climatiques où la plupart des races commerciales populaires souffriraient. Les Highland sont célèbres pour leur habilité à débroussailler et sont donc parfaits pour les fermes où il y a un excès de pâturages pauvres ou encore des terrains en friche avec de l’herbe de moindre qualité.
Le bœuf Highland est de croissance lente ce qui donne une viande maigre, bien marbrée et de première qualité, faible en gras et en cholestérol tout en restant riche en protéine et savoureuse, des critères de plus en plus demandés par le marché d’aujourd’hui. La viande Highland commande donc un prix supérieur comparativement à celle des autres races de bovins, cela dû à la finesse de sa saveur et à l’attrait d’une saine alimentation.
Les bovins Highland représentent aussi une des meilleures façons pour sauvegarder nos paysages. Ces bovins sont des experts dans l’amélioration des terres improductives et le maintien d’un équilibre entre les plantes et ils vont quand même se développer avec ces fourrages grossiers permettant ainsi aux plantes les moins compétitives de prospérer.
Au cours des dernières années, j’ai beaucoup entendu parler de différentes diètes animales utilisées par des éleveurs Highland. Celles-ci incluent les rations composées strictement d’herbe et de foin, en pâturage avec l’ajout de moulée, ou d’orge, de blé ou d’ensilage de maïs, jusqu’aux plus surprenantes qui comportent l’ajout de petits pois, de navets ou de résidus de houblon utilisé dans une brasserie. La plupart des éleveurs font quelques expériences avant de trouver la formule qui leur convient le mieux.
En général, une saine alimentation est nécessaire pour une bonne santé et une croissance rapide. Ici, les Highland possèdent un net avantage car leurs besoins sont simples et économiques. Pendant les mois d’été ils devraient avoir un bon pâturage et un accès à de l’eau potable. En hiver, ils peuvent n’être nourris qu’avec du foin de bonne qualité, du foin vert ou de l’ensilage tout cela sans avoir besoin d’une grande quantité de concentré. Ils auront besoin d’un accès à des minéraux pour que leur niveau de vitamines soit maintenu. Vous pouvez offrir des rations alimentaires supplémentaires aux vaches avec des veaux telles que de l’avoine, de l’orge ou du maïs lors de conditions météorologiques défavorables.
Ghislain Falardeau, éleveur québécois de bovins Highland depuis plus de 20 ans a fait des expériences avec différents apports de grains et a écrit ceci dans une édition précédente de notre revue The Kyloe Cry :
La ration d’aliments doit être abondante et riche en protéine et en énergie. Parfois, il est nécessaire d’ajouter des céréales à leur ration et la quantité peut varier selon les objectifs de votre ferme. Au tout début, lors de nos propres expériences, nous donnions seulement 2 ou 3 livres de céréales par animal par jour. Les résultats étaient intéressants mais nous avons poussé un peu plus loin nos tests et nous avons augmenté progressivement jusqu’à neuf à dix livres par jour. La tendreté et les profits se sont grandement améliorés à partir de là.
La nature des différents types d’aliments influence la saveur de la viande. J’ai remarqué que l’avoine, même si elle ne donne pas une croissance aussi spectaculaire que le maïs, donne un goût vraiment délicieux à la viande. Notre ration de grain est donc composée principalement d’avoine.
Sur notre propre ferme, Barrking Hill, nous mettons nos animaux aux pâturages le printemps, l’été et l’automne et nous leur donnons du foin l’hiver mais nous ajoutons aussi une portion d’avoine aux animaux que nous élevons pour notre marché de viande (2 seaux de cinq gallons pour 5 animaux par jour). Nous avons découvert que les Highland digèrent mieux l’avoine que l’orge, le blé ou le mais, peu importe si elle est floconnée ou entière.
Le texte suivant provient d’un article écrit par la Dr. Karen Schwartskopf-Genswein du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et du Développement rural de l’Alberta :
La clé de l’amélioration de la gestion du bétail au pâturage est de simplement observer leur comportement au pâturage et de comprendre les signaux qu’ils émettent.
Les bovins paissent en encerclant les herbes et les autres plants avec leur langue et les arrachent d’un mouvement brusque de la tête. Pour cette raison, ils ne peuvent pas manger d’herbe inférieure à 1 cm de hauteur. Par conséquent, la rotation fréquente des bovins vers de nouveaux pâturages est importante. Le ralentissement substantiel de la croissance de l’herbe aux pâturages est un signe que le producteur peut utiliser comme indication pour choisir le moment de déplacer les animaux vers une nouvelle bande d’herbe.
La météo, les prédateurs et les insectes peuvent grandement influer aussi sur la qualité des pâturages. Les bovins préfèrent brouter à la clarté du jour, principalement lors des périodes survenant peu de temps avant le lever du soleil et au crépuscule. Deux autres périodes plus courtes de pâturage se produisent généralement dans le milieu de la matinée et en début d’après-midi. Par temps très chaud, les bovins seront à l’ombre au lieu de brouter. De même, lors de fortes pluies, de vent ou de neige les bovins seront plus à la recherche de refuge que de fourrage. Pendant ces périodes, le temps de pâturage peut augmenter la nuit afin de permettre au bétail de compenser pour le faible taux de pâturage de la journée.
Les dérangements par l’homme et aussi les prédateurs tels que les coyotes, diminuent généralement le taux de pâturage parce que le bétail passe plus de temps à vérifier s’il y a un danger potentiel et à essayer de s’en éloigner. Le harcèlement des insectes peut aussi réduire leur taux de broutage.
Les bovins font partie des espèces qui vivent en troupeau, ce qui signifie qu’ils produisent mieux lorsqu’ils font partie d’un groupe. Toutefois, lorsque la qualité du pâturage est faible et que le bon fourrage n’est pas disponible en grande quantité, une concurrence entre les animaux peut se produire. Cela signifie que les dominants du groupe auront accès à la meilleure herbe alors que les dominés n’y auront pas accès.
Dans certains cas, la présence de plantes vénéneuses peut conduire à la mort. Plusieurs espèces de plantes toxiques sont indigènes sur les terrains et les pâturages. Ces plantes ne sont pas ingérées dans des conditions normales, car elles ont un goût désagréable ou bien sont peu nombreuses. Mais des conditions inhabituelles, telles que la sécheresse et des insectes piqueurs, entre autres, peuvent forcer le troupeau à manger des quantités nocives de ces plantes vénéneuses. Le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et du Développement rural de l’Alberta a fourni la liste suivante de plantes qui sont toxiques pour les bovins :
Grand pied-d’alouette | astragale | aconit |
petit pied-d’alouette | champignons | moutardes |
pruche d’eau | amélanchier | asclépiade de Syrie |
troscart | cerisier de Virginie | morelle noire |
prêle des champs | jacynthe sauvage | fausse herbe à puce (apocyn) |
oxytropis des champs | renouée persicaire (pied rouge) | corydalis |
Don et Margaret Badger de la ferme Maple Lea, au Québec, connaissent un grand succès avec leur boeuf Highland, fournissant même plusieurs épiceries. Le texte suivant est un petit résumé d’un article écrit par eux à ce sujet :
Les génétiques que vous choisissez auront une incidence sur le taux de gain de vos animaux ainsi que sur la tendreté de la viande produite. L’objectif global est d’atteindre le poids d’abattage des animaux dès leur plus jeune âge possible. Pour ce faire, l’animal doit constamment prendre le maximum de poids que lui permet son potentiel génétique.
La situation typique pour plusieurs éleveurs serait d’avoir un veau du printemps (né avril-mai) qui serait sevré l’automne (en octobre-novembre) et mis en marché l’automne suivant (en octobre-novembre) à l’âge d’environ 18 mois (540 jours). Un veau typique aura un poids entre 350-400 lb à environ 200 jours d’âge au moment du sevrage dépendamment de l’âge, de la génétique de la mère et du pâturage disponible.
Le régime alimentaire utilisé pour les 340 prochains jours aura une grande influence sur la qualité et la quantité de viande vendue. Pour atteindre le poids de marché d’environ 1000 lb, le veau doit gagner, en moyenne, 2 lb par jour à partir du sevrage jusqu’à l’abattage. Il n’y a pas de formule magique «parfaite pour tous» pour avoir du succès. Ce gain de poids peut être réalisé avec une ration de bon fourrage ou une combinaison de fourrage et de céréales. Quoi que vous choisissiez, vous devez fournir à l’animal des aliments de qualité suffisamment élevée pour le maintien et un gain moyen de 2 lb par jour. Nous faisons cela en les alimentant avec notre meilleur foin en plus d’une ration de céréales à 14%, ceci à partir du sevrage.
La ration que vous choisissez affectera la saveur de la viande produite, mais aussi longtemps que vous êtes constant et que vos clients aiment votre produit, il faut la garder!
Les éleveurs de bovins Highland sont fiers de fournir à leurs animaux une alimentation la plus naturelle possible, ceci sans hormones, vaccinations ou d’additifs, créant ainsi un produit sain et idéal pour un marché de niche. Il est conseillé de vérifier auprès de votre vétérinaire pour grands animaux en ce qui concerne les maladies bovines qui peuvent être répandues dans votre région et les vaccins nécessaires pour celles-ci (par exemple: l’anthrax en Saskatchewan ou le charbon bactérien, aussi connu sous le nom de charbon symptomatique ou black leg au Québec).
(Source: La société canadienne des éleveurs de bovins Highland CHCS)